Le BIM (Building Information Modeling) n’a plus de secret pour EPAMARNE. Quand opérateurs publics et privés commencent à se pencher en France sur le sujet, l’EPA a fait de la maquette numérique un des quatre piliers de sa stratégie d’innovation avec le bois/matériaux biosourcés, la bio-urbanité et les nouveaux usages. En passant du BIM au CIM (Cities Information Modeling) et en lançant le premier démonstrateur BIM, EPAMARNE franchit clairement une marche supplémentaire. Décryptage de la stratégie numérique d’un aménageur pionnier.

 

Propos recueillis par Business Immo dans l’édition spéciale EPAMARNE-EPAFRANCE de Décembre 2017.

 

« EPAMARNE est l’aménageur le plus en avance de France du point de vue du BIM » : c’est Bertrand Delcambre, président de Qualitel et ex-président du Plan de transition numérique dans le bâtiment (PTNB) qui l’affirme. L’aménageur francilien est tombé dans le BIM… dès 2015. Avec une double conviction : assurer une meilleure pérennité des projets dans le temps et sécuriser des coûts de sortie de logement maîtrisés. L’histoire lui aura donné pleinement raison. Car en 2016, 100% des consultations logements lancées par l’établissement sont réalisées en BIM et le premier permis de construire BIM de France a été déposé à Bussy-Saint-Georges. « Cette méthode a été appliquée aux projets et espaces privés mais aussi – et c’est l’innovation – à tous les espaces publics », souligne Jean-Baptiste Rey, directeur général adjoint d’EPAMARNE et inspirateur de cette politique full BIM. Dans cette stratégie globale, l’établissement public n’a pas souhaité jouer la carte du BIM solo. « Nous nous faisons accompagner par le CSTB au travers d’outils de visualisation mais nous devenons égale- ment le partenaire du master BIM de l’École des ponts et de l’ESTP. Chaqueannée, au sein de l’école, undes collaborateurs d’EPAMARNE est formé à cette méthode d’avenir », poursuit Jean-Baptiste Rey qui a pris, en 2017, la présidence du comité d’orientation du master BIM.

Modélisation de la maquette BIM - ZAC Marne-Europe à Bry-sur-Marne
Extrait de la maquette BIM de la ZAC Marne Europe, à Bry-sur-Marne, Villiers-sur-Marne et Champigny-sur-Marne.
© Arcadis, 2017

CIM : un changement d'échelle

Mais EPAMARNE ne s’est pas arrêté à la maquette numérique du bâtiment. Assumant pleinement ce rôle de leader, l’aménageur a voulu aller plus loin en déclinant le BIM au CIM. Cette extension de l’outil numérique à un plus grand nombre d’acteurs et à une plus grande échelle est ainsi en capacité d’intégrer des don- nées nouvelles de mobilité, d’occupation des sols, de trames vertes et bleues ou encore des données de l’Insee. Dans le cadre d’une démarche collaborative, les 44 communes du périmètre d’intervention des EPA disposeront bientôt d‘un support unique avec traçabilité des informations.

 

« Notre démarche va plus loin que l’immeuble. Elle s’inscrit désormais à l’échelle territoriale et à l’espace urbain », développe Jean-Baptiste Rey. Une initiative vertueuse et innovante qui a plusieurs atouts. « Nous démontrons ainsi que nous sommes en capacité d’offrir aux collectivités locales une meilleure fiabilité des bases de données et que nous savons prendre des engagements de coûts », explique Jean-Baptiste Rey. Cette stratégie full CIM ne manque pas de vertus pédagogiques et financières qui s’incarnent dans plusieurs projets territoriaux. À l’instar de la mise en place d’une gouvernance énergétique à Noisy-le-Grand avec Enedis. « Un projet qui nous permet d’économiser 10% sur la facture énergétique à l’échelle du quartier », calcule Jean-Baptiste Rey. « On se met en condition pour décider du meilleur réseau et appréhender les usages de consommation. »

 

Basculer le BIM à l’échelle du quartier permet d’aller plus loin, beaucoup plus loin dans la construction de la ville. D’abord en mettant en évidence la cohérence d’ensemble du quartier et de ses points de rencontres, d’échanges. Ensuite en permettant de passer à l’échelle pertinente, celle où la maquette numérique porte sur un nombre de données suffisantes pour que les évolutions vaillent la peine. Enfin en ouvrant au BIM la phase de la gestion future.

Sur la voie d'un démonstrateur territorial

Dans cette stratégie numérique, quelle sera la prochaine étape d’EPAMARNE en matière d’innovation ? « Ce qui nous assurera une véritable visibilité, c’est de nous engager sur la voie d’un démonstrateur BIM à l’échelle territoriale », poursuit Jean-Baptiste Rey. Avec BIM Cities Alliance et la Caisse des dépôts, un appel public à contributions pour développer un démonstrateur BIM pour les territoires a été lancé. Objectif de cette initiative ? Créer une plate-forme intégrative de services où chacun peut partager des expérimentations et des retours d’expériences concrets sur le BIM. Il permettra notamment de travailler sur les difficultés techniques liées à l’interopérabilité des logiciels ou aux moyens de valoriser les maquettes numériques auprès des maîtres d’ouvrage. L’initiative a reçu, en l’espace de six semaines, plus de 180 manifestations d’intérêts de la part de start-up, de grands groupes, de collectivités et du monde académique.

 

Pour ce faire, l’établissement a déroulé un plan d’action en trois volets : la mise en place de groupes de travail associant partenaires privés et publics sur des thématiques qui peuvent constituer des points de blocage, le déploiement de projets d’expérimentations à Marne-la-Vallée et l’implantation d’ici les deux prochaines années d’un lien de veille autour du BIM territorial. Dans cette nouvelle dynamique sur la voie d’un urbanisme 2.0, EPAMARNE est le premier territoire à être retenu par BIM Cities Alliance. « Notre objectif est de délivrer, d’ici un an, un Livre blanc sur les plates-formes de services », conclut Jean-Baptiste Rey. Rendez-vous est pris…

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