EpaMarne conduit depuis 2015 une stratégie d’innovation volontariste en matière de maquette numérique (BIM). Trois ans après s’être lancées dans cette aventure, les équipes d’EpaMarne font le point. Retour d’expérience et nouvelles perspectives.

En s’engageant sur le BIM et le déploiement de la maquette numérique à l’échelle du bâtiment, du quartier et des territoires, EpaMarne avait pour ambition d’insuffler l’évolution des pratiques et améliorer la lisibilité et la fluidité dans la conception des projets. L’֤Établissement public visait une efficacité collective augmentée notamment sur les coûts de construction et d’exploitation. Pour y parvenir, de nombreuses actions ont été portées avec différents partenaires :

  • le CSTB, pour un accompagnement dans la mise en œuvre du BIM dans ses projets d’aménagement ;
  • l’ENPC, avec la présidence du comité d’orientation du Mastère BIM ;
  • le Musée National d’Histoire naturelle (MNHN), en cofinançant une thèse pour développer une méthode scientifique ACV BIODIVERSITÉ pour préfigurer un nouvel outil de contrôle BIM BIODIV ;

En parallèle, un travail important a été entrepris en interne par les équipes EpaMarne de consolidation des bases de données dans le SIG (système d’information géographique).

Les résultats ?

  • 100 % des consultations logements sont conduites en BIM depuis 2016.
  • Le 1er permis de construire BIM de France a été déposé à Bussy Saint-Georges en avril 2016 par Architecture Pélegrin pour Emmaüs Habitat pour un programme de 109 logements.
  • Un travail partenarial avec BIM Cities Alliance a été engagé, dès novembre 2016, pour déployer un démonstrateur BIM à l’échelle territoriale.
  • La Charte « Objectif BIM 2022 » a été signée par EpaMarne en novembre 2017.
  • Des expérimentations pour déployer le BIM sont menées à l’échelle des espaces publics, notamment sur les quartiers de la Cité Descartes, d’Ormesson-sur-Marne et de Marne Europe.
  • La e-concertation dit BIM Citoyen, modalité de concertation numérique qui permet d’impliquer plus largement le grand public est utilisée pour le projet urbain d’Ormesson-sur-Marne.
  • 22 maquettes BIM « projet immobilier » et 3 maquettes CIM « quartier » ont été réalisées sur ces 2 dernières années.
Modélisation du futur programme de logement Emmaüs (lot SY57) dans l'écoquartier Le Sycomore
Modélisation du programme de logements Emmaüs Habitat dans l'écoquartier Le Sycomore à Bussy Saint-Georges, qui a fait l'objet du 1er permis de construire BIM de France en avril 2016
©Emmaus Architecte

Des nouveaux services et usages

EpaMarne s’est inscrit très en amont dans le développement des technologies et des pratiques de la maquette numérique. Aujourd’hui encore, le BIM en est à ses tous premiers pas dans le secteur de l’aménagement. Mais l’expérience d’EpaMarne montre que demain, des chaînes de services à grande valeur ajoutée vont se développer. En intégrant le BIM dès les phases de conception, une foule de nouveaux usages apparaît et soulève de nombreuses questions tant technologiques que réglementaires : la numérisation des documents d’urbanisme, l’instruction dématérialisée des permis de construire, la propriété intellectuelle de la maquette BIM, le carnet numérique…

Présentation de la la maquette BIM de la ZAC Marne Europe
Extrait de la maquette BIM de la ZAC Marne Europe, à Villiers-sur-Marne
© Arcadis, 2017

Des coûts de construction et d’exploitation en baisse

Une des grandes ambitions de la maquette numérique est de baisser les coûts de construction et d’exploitation. Si sur le coût des travaux dans la construction, les résultats à ce stade sont difficilement mesurables, la tendance montre bien qu’une économie de 5 à 10 % est tout à fait réaliste. Ce qui apparaît en revanche très nettement aujourd’hui, c’est le gain qui pourrait être réalisé lors de la phase d’exploitation du bâtiment et de l’espace public. Sur le long terme, il est tout à fait possible d’imaginer réaliser une économie de 15 à 20 % du coût global d’exploitation. En effet, la maquette numérique permet d’optimiser les choix de maintenance, de rénovation, de gestion… Cet enseignement va donner beaucoup d’élan aux démarches BIM.

Celui qui construit et celui qui exploite

Constater qu’aujourd’hui, le gain le plus important porte sur la phase d’exploitation, pousse l’ensemble de la chaîne à revoir ses processus de fonctionnement. En effet, l’usage du BIM est intégré aux cahiers des charges des promoteurs, qui généralement ne s’occupent pas de la phase de gestion. La question de la transmission vers les utilisateurs et/ou gestionnaires devient donc centrale. Un travail est d’ores-et-déjà engagé entre EpaMarne et ses partenaires publics et privés pour réussir à établir cette passerelle.

 

A l’échelle territoriale, cet enjeu est crucial. EpaMarne, en qualité d’assembleur, travaille depuis plusieurs années à la constitution de bases de données territoriales. Cette stratégie permet d’associer les collectivités locales bien en amont du projet urbain pour demain optimiser leurs coûts de gestion. Par exemple, il sera possible de réaliser des simulations pour comparer le coût d’une noue paysagère versus une gestion hydraulique classique selon différents critères techniques et de qualité, pour décider où porter les investissements, qui in fine permettront de réduire certains coûts de fonctionnement.

 

 

En conclusion, avec la maquette numérique et la consolidation et l’interopérabilité des bases de données, de nouvelles pratiques et de nouveaux rôles se dessinent, qui transforment en profondeur le secteur de l’aménagement et de l’urbanisme. Sont amenés à évoluer, le cadre juridique de la transmission, l’accompagnement des acteurs sur toute la chaîne, les métiers…

Extrait de la maquette numérique 3D destinée à la ZAC de La Haute Maison et à la ZAC Les Hautes de Nesles
Extrait de la maquette numérique 3D destinée à la ZAC de La Haute Maison et à la ZAC Les Hautes de Nesles à la Cité Descartes (Champs-sur-Marne)
© EpaMarne
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