Dans un contexte d’urgence climatique et d’érosion de la biodiversité, la lutte contre l’artificialisation des sols est devenue un enjeu majeur de l’aménagement des territoires et un sujet sensible pour l’opinion publique. Pourtant, il n’existe pas véritablement de définition communément admise du phénomène, mais plusieurs, pas plus qu’une méthode de mesure de l’artificialisation, variable selon les données disponibles, les problématiques territoriales et les échelles considérées. Aussi, comment peut-on relever le défi du Zéro artificialisation nette ?

Naissance d’une ville nouvelle

Dans les années 1970, le plateau agricole de Marne-la-Vallée est racheté par l’Agence Foncière et Technique de la Région Parisienne et   transformé en Ville Nouvelle pour répondre à la pression démographique et économique. EpaMarne est créé en 1972 pour piloter son aménagement, rejoint en 1987 par EpaFrance pour conduire celui du Val d’Europe, autour de la destination touristique Disney. 50 ans plus tard, le statut des Villes Nouvelles n’existe plus. EpaMarne et EpaFrance sont devenus les aménageurs publics de référence de l’est parisien, avec un territoire d’intervention de près de 300 km2. Etendu au-delà du périmètre de Marne-la-Vallée.

© Epamarne

Quand développement urbain rime avec artificialisation des sols

L’essor des villes s’est accompagné d’une transformation des espaces naturels et agricoles pour développer l’habitat, les activités économiques, des services et loisirs et des infrastructures de transport créatrices d’emplois. En France, 20 000 à 30 000 hectares sont artificialisés chaque année, ce qui impacte :

  • la biodiversité, avec une érosion liée à la disparition de milieux naturels riches en espèces animales et végétales ;
  • la qualité de vie, avec des risques d’inondation accrus du fait de l’imperméabilisation des sols et d’épisodes météorologiques plus fréquents et intenses ;
  • le climat, avec des sols artificialisés ne stockant plus suffisamment le CO2 et aggravant ainsi le réchauffement climatique.

Or, au rythme observé ces dernières décennies, le taux d’artificialisation en France métropolitaine devrait atteindre 14 % en 2050 contre 10 % aujourd’hui.

Vers un objectif de Zéro artificialisation nette

Alors que faire ? Le gouvernement a fixé un objectif de « Zéro artificialisation nette » (ZAN) dans le Plan Biodiversité, à atteindre d’ici 2050. Un premier palier a également été établi sur la décennie 2021-2031 visant à réduire de moitié le rythme de la consommation d’espaces. Concrètement, il s’agit de réguler l’étalement urbain et de renaturer ou réhabiliter des surfaces égales (à terme) à celles consommées par l’urbanisation pour atteindre un point d’équilibre.

Développer sans artificialiser : un changement de paradigme

Désormais, l’aménagement doit conjuguer l’enjeu de protection de l’environnement à ceux du dynamisme économique, de l’accessibilité du territoire et de la qualité du cadre de vie. Il suppose de résoudre un certain nombre d’injonctions économiques, sociétales et politiques parfois contradictoires. Par exemple, construire en densifiant les milieux urbains induit des surcoûts importants liés à la rareté et la cherté du foncier. Sans compter que la crise de la Covid a refait surgir des aspirations qui, si elles se réalisaient, seraient synonymes d’une artificialisation accrue des sols, à l’instar de l’idéal pavillonnaire avec jardin.

Favoriser le recyclage urbain

Dans ce contexte, la planification urbaine et la conception des nouveaux espaces par les aménageurs et les collectivités est crucial. L’une des pistes du ZAN incite au recyclage urbain incluant à la fois des opérations d’urbanisme circulaire, de renouvellement et de recyclage foncier. Cette nouvelle approche du développement des villes s’appuie sur la mutualisation des usages, la modularité et la renaturation pour bâtir sur l’existant. Le fonds Friches du Plan France Relance permet de recycler du foncier, en fléchant des aides de l’Etat pour réhabiliter des friches urbaines et industrielles comme le site de Marne Europe, à Villiers-sur-Marne. Ces actions demeurent cependant plus coûteuses que l’extension urbaine. Rendre possible le recyclage urbain en élaborant un modèle économique viable et incitatif, tant sur le plan réglementaire que fiscal, est donc une priorité pour rendre concret l’aménagement durable des territoires. Et ainsi répondre aux objectifs croisés de la maîtrise de l’étalement urbain, de la revitalisation urbaine et de la protection des sols contre leur artificialisation.

Associer densité et accessibilité

Construire la ville sur la ville soulève également la question de l’intensification des usages. Donner la possibilité à chaque habitant d’accéder à des services de proximité et à un réseau de transports fait partie des leviers qui limitent l’étalement urbain.

Permettre à la nature de s’épanouir

Intégrer la nature en ville est l’une des réponses aux enjeux du ZAN. La fabrique de la ville n’est pas antinomique avec la place de la nature, bien au contraire. Par exemple, dans l’écoquartier Les Roseaux de Montévrain, EpaMarne aménage un cœur agro-urbain de 19 ha, dédié au maraîchage biologique et aux circuits courts. Initialement destinés à être construits, ces 19 ha, consacrés à une agriculture vertueuse, ont été rendus possible grâce au travail de planification urbaine fine mené tant à l’échelle des lots que du quartier par EpaMarne.

© Epamarne / Architectes : Boisseau ; Lobjoy et Bouvier / Paysagistes : Agence Follea - Gautier - Madec / photo : Fred Furgol

Faire advenir la ville durable

Faire advenir la ville durable est donc avant tout une question d’équilibre entre réhabilitation et construction neuve, modularité des espaces et mono-usage, polycentrisme et concentration des services, préservation et recréation d’espaces naturels ou agricoles. Le calcul du coefficient de biotope (CBS) permet par exemple d’évaluer la qualité environnementale d’un espace tout en contribuant au maintien de la biodiversité et de la nature en ville. Parmi les opérations menées par EpaMarne, le CBS le plus élevé est atteint par l’opération d’aménagement de Coupvray, avec un score de 0,65 ou encore celle de Lamirault Croissy avec 0,64. Un projet comme celui de Marne Europe, le quartier de la future gare Bry-Villiers-Champigny, participe de cette dynamique. Ultra-connecté, ce futur quartier répond en effet à 3 défis majeurs :

  • la nature avec la présence d’un jardin métropolitain de 2 hectares
  • le climat, avec le déploiement d’un réseau de chaleur urbain géothermique ;
  • la cohésion sociale et territoriale à travers le développement de ce nouveau pôle économique majeur ;

Il offrira également aux habitants de nouveaux usages et services qui contribuent au mieux-vivre en ville.

© Axiome architecture

Le rôle de l’aménageur est donc essentiel pour garantir le développement cohérent du territoire en lien avec les acteurs locaux : les collectivités bien sûr, mais aussi les habitants, les agriculteurs et tous ceux qui, plus largement, contribuent à le façonner. Ce développement est nécessairement piloté. Il permet de traduire localement des enjeux comme l’objectif de zéro artificialisation nette en tenant compte des spécificités locales et d’injonctions parfois contradictoires. Car le rôle d’un aménageur comme EpaMarne-EpaFrance est d’apporter des réponses concrètes aux défis de la ville de demain. Une ville verte, aérée et esthétique où la préservation des sols, de la biodiversité et du climat impulse la stratégie d’urbanisation.

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