« Comment générer une Ville plus stimulante ou faire la Ville pas c* », c’est le thème du groupe de travail thématique organisé par le Club Ville Aménagement et animé par Ariella MASBOUNGI (Grand Prix de l’Urbanisme 2016) et Jean-Luc CHARLES (Directeur Général de la SAMOA) auquel participe Pierre-Charles DECOSTER, Directeur des Opérations à EPAMARNE / EPAFRANCE, lors du groupe de travail thématique de juillet organisé par le Club Ville Aménagement. L’occasion de revenir sur les défis de construire une ville nouvelle au milieu des champs en 45 ans du point de vue de l’aménageur.

Les réflexions du Club Ville Aménagement (association de Maîtres d’Ouvrages d’Opérations Urbaine) émanent des groupes de travail thématiques qu’il réunit périodiquement. Elles sont rendues publiques grâce à des ouvrages consécutifs aux colloques qu’il organise ou aux études préparatoires accessibles sur le site du Club. Le CVA est présidé par Nicolas Ferrand, Directeur Général EPAMARNE/EPAFRANCE.

Gif animé : la diversité des espaces urbains de Marne-la-Vallée
©Antoine Meyssonnier

"Nouvelle, mais pas c* pour autant", propos recueillis par Antoine PETITJEAN, lauréat du palmarès des jeunes urbanistes 2016.

Evoquer Marne-la-Vallée, c’est, dans l’inconscient collectif, évoquer la banlieue pavillonnaire de périphérie construite d’un bloc au milieu des champs : la ville c* par excellence. Si la ville peut apparaître en rupture avec les logiques préexistantes sur son territoire, partiellement incompatible avec toute dynamique de « sédimentation » urbaine (enrichissement dans le temps des formes urbaines), il est trop tôt pour en faire le procès. Par ailleurs, on ne part pas de rien : la ville nouvelle s’appuie sur un patrimoine bâti et paysager qui constitue son socle et le principal « moteur » d’appropriation des habitants. Il est facile de mesurer le lien affectif que ces derniers entretiennent avec leur territoire au travers de leurs pratiques (en constante diversification) dans les espaces ouverts. Marne-la-vallée peut également se lire comme un cours d’urbanisme à ciel ouvert, permettant une lecture critique de ses différentes phases d’aménagement.

Logements et lac donnant sur le parc du Génitoy
Logements donnant sur le parc du Génitoy, dans le centre ville de Bussy Saint-Georges
©Epamarne / photo : Antoine Meyssonnier

 

La ville nouvelle est un territoire choisi, pas une destination par défaut. A Marne-la-Vallée, les prix de l’immobilier sont comparables à ceux de la première couronne parisienne, la densité en moins mais, il faut le reconnaître, certains mécanismes d’« entre-soi » en plus. On pourrait synthétiser l’approche de la ville nouvelle selon 10 axes portés par l’Etablissement Public :

  • Travailler le paysage pour y insérer le bâti ;
  • Stimuler les 5 sens au travers de l’expérience urbaine ;
  • Dessiner le ciel (travail sur la skyline comme à Bussy-Saint-Georges) ;
  • Provoquer la rencontre des habitants sur les espaces publics ;
  • Faire place aux enfants ;
  • Penser la ville transgénérationnelle et solidaire ;
  • Stimuler l’activité économique (y compris de proximité) ;
  • Penser urbanité et mobilité conjointement (insérer les gares routières dans le tissu urbain) ;
  • Superposer les fonctions et intégrer du commerce de proximité ;
  • Eviter de « dilater » inutilement l’espace public, trouver sa juste échelle.
Parc du Génitoy dans le centre ville de Bussy Saint-Georges (Étang des grives)
Parc du Génitoy dans le centre ville de Bussy Saint-Georges (Étang des grives)
© Epamarne / Paysagiste : J. Osty / photo : Antoine Meyssonnier

 

Ces axes structurent l’ensemble des projets, en eux-mêmes très divers allant des Villages Nature aux écoquartiers en passant par les zones d’activités économiques et commerciales. « Il est salutaire de ne pas oublier que la ville est plus forte que nous, acteurs temporaires de son émergence, et que les solutions d’aujourd’hui sont les erreurs de demain ». L’exigence est de produire aujourd’hui ce qui sera le patrimoine de demain, dans une vision dynamique permettant au territoire de se transformer face aux contraintes et opportunités auxquelles il sera exposé (la mutabilité du parcellaire est l’un des enjeux pour assurer l’évolution programmatique des secteurs dans le temps). Bien que récente, la ville nouvelle questionne déjà la capacité de l’aménageur à réintervenir sur ce qu’il a produit. C’est ainsi par exemple qu’EPAMARNE intervient dans des opérations de densification ou de réhabilitation dans la ZAC de Champs Noisiel Torcy.

Photographie d'un lodges de Villages Nature
Villages Nature Paris
©Villages Nature / photo : Ludovic Lecouster
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