A quelques mois de l’inauguration officielle, revenons sur les ambitions et principes de la pépinière qui produira à terme 1 142 arbres, plus de 3 400 arbustes et 23 000 graminées entre 2024 et 2028. Les arbres plantés seront réutilisés localement dans les espaces publics réalisés par EpaMarne.
Une démarche de sensibilisation des plus jeunes
Plus qu’un projet environnemental, cette pépinière est également un projet pédagogique qui vise à sensibiliser le public, notamment les enfants, aux enjeux du développement durable et à la préservation de l’environnement. Une collaboration a été mise en place avec 8 classes de l’école maternelle Le Cantou et 12 classes de l’école primaire du Loupiot. L’objectif est de proposer un programme pédagogique sur plusieurs années en associant les enfants et les associations à diverses activités comme la collecte des graines, la levée de dormance, la plantation, la taille ou la transplantation… C’est dans le cadre de cette démarche que les 21 et 24 février 2024, en présence d’ Olivier Colaisseau, maire de Chanteloup-en-Brie, de son adjoint à l’urbanisme, Laurent Direz ,et des équipes d’EpaMarne, que des enfants des écoles ont planté les premiers arbres de la pépinière !
Les enfants ont planté des plantes hélophytes autours des mares de la pépinière : ce sont des plantes semi-aquatiques dont les racines ou rhizomes se développent dans la vase ou dans une terre gorgée d’eau. Ces plantes constituent un abri et de la nourriture pour les animaux de la mare, les canards, les tritons, les grenouilles et les salamandres. Une fois que ces plantes auront grandi, nous pourrons venir prélever des touffes que nous pourrons replanter dans la commune et ainsi continuer à aider la biodiversité à se développer. Pinson Paysage
De futures plantations pour le projet de parc du Sycomore
Plus d’une centaine de greffons des poiriers centenaires situés entre Jossigny et Bussy-Saint-Georges ont été réalisés par les pépinières CRETE, membre du groupement qui gère la mise en culture de la pépinière. D’ici un an, ils feront l’objet de test ADN pour savoir s’ils sont répertoriés à l’échelle nationale. Si ça n’est pas le cas, ils seront enregistrés. Ils resteront en pousse deux ans minimum sur site puis seront replantés dans le parc urbain à Bussy. Une petite dizaine de spécimen sera replantée sur le chemin de Jossigny permettant à la fois d’apporter une dimension gourmande à nos aménagement mais aussi de sauvegarder et de valoriser une espèce patrimoniale.
Des greffons ont été prélevées sur des poiriers d’environ 150 ans à Jossigny. Ces poiriers ont traversé le temps, ils sont adaptés au sol et au climat et sont seulement à la moitié de leur vie. Ils produisent énormément de fruits vu la quantité de poires pourries au sol observées qui ne sont pas exploitées par l’homme et nourrissent du coup la biodiversité. Les poires sont très certainement une variété à cuire car à l’époque les variétés à croquer étaient peu développées en raison de la dentition très abimée de la population. Les greffons mis au frigo seront greffés en avril sur des portes greffes par Clément Crête des pépinières Crêté. Le taux de réussite sera d’environ 50% et permettra ainsi à une variété ancienne de perdurer. Pinson Paysage
Une approche expérimentale, pédagogique… et scientifique !
Avec cette pépinière, l’ambition d’EpaMarne est d’interroger la diversité génétique et l’évolution des méthodes, en recensant les écotypes (variétés d’une espèce végétale) présents sur le territoire, avec pour but de les renforcer, de les améliorer ou de les créer dans le cas d’espaces pauvres. Le site d’implantation de la pépinière est, lui-même un espace pauvre puisqu’il s’agissait d’un ancien espace de culture intensive, qui a nécessité des travaux d’amendement pour permettre de nouvelles plantations d’arbres. Cette démarche consiste à :
- Établir une palette végétale résiliente de différentes strates (arborées, arbustives, herbacées, etc…) ;
- Déterminer une stratégie d’amélioration de l’ensemble de l’écosystème avec des espèces végétales complémentaires ;
- Décliner cette approche dans le cadre des projets urbains.
Si les espèces locales sont privilégiées, des tests pourront être effectués sur des espèces plus lointaines, notamment méditerranéennes, afin d’observer leur capacité d’adaptation sur le territoire. Cette démarche vise à développer des végétaux plus résilients et plus favorables à la biodiversité. Cette pépinière se présente comme un laboratoire, où les pépiniéristes vont accompagner le développement de 30 essences d’arbres et de 30 essences d’arbustes pour étudier leurs complémentarités écologiques. Des retours d’expérience seront réalisés au fur et à mesure de l’avancement des travaux : il y a des plantes qui vivront en symbiose et seront support d’un écotype sain et d’autres qui évolueront moins bien … Au-delà de la dimension expérimentale, la création de cette pépinière apporte aussi une nouvelle méthodologie et fait évoluer nos modes d’aménager.
Aménager autrement
Habituellement, un projet urbain se conçoit avec l’expertise d’un paysagiste qui, en analysant les sols, déterminera une palette végétale. Avec cette pépinière, EpaMarne inverse ce système et change fondamentalement la méthode.
Préalablement à la définition fine du projet urbain (phase AVP), une conception environnementale est réalisée pour l’ensemble du quartier en intégrant les dynamiques plus larges du territoire à travers le “Lab”. Cette étape qui associe écologues et paysagistes urbains permet d’apporter une vision globale et de concilier le volet esthétique et la qualité environnementale (biodiversité, résilience, services rendus par la nature) pour l’ensemble des espaces paysagers du quartier.
Le « Lab » sélectionne alors l’ensemble des arbres, des arbustes et des graminées qui seront implantés dans le quartier afin de constituer un socle favorable au développement des différents écotypes (biodiversité d’un milieu humide, d’un parc…). A l’avancement de l’aménagement, le paysagiste concepteur utilisera obligatoirement la palette végétale définie dans le « Lab » de la pépinière en choisissant parmi les seules espèces sélectionnées.
C’est un véritable outil qui est mis à sa disposition de tous, dès la phase amont du projet, avec le bénéfice d’un circuit court et la sécurisation de l’approvisionnement. La mise en place d’un tel dispositif implique un temps long et la première grande phase de plantation est programmée pour 2027.
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