Pour construire la ville, il faut d’abord la penser. Ces dernières années, des institutionnels et de nombreux professionnels de la ville se sont interrogés sur la problématique du genre dans la conception des espaces urbains. Très longtemps considérée comme un espace fait par les hommes et pour les hommes, la ville du XXIème siècle se veut devenir un environnement urbain plus égalitaire. Explications.

A y regarder de plus près, certains aménagements de l’espace public peuvent parfois se révéler « inégalitaires ». La rue est censée appartenir à tout le monde : toutes les générations d’hommes et de femmes, des plus jeunes aux plus âgés, s’y côtoient… Pourtant, pour de nombreux sociologues et géographes, dont Edith MARUEJOULS, les hommes et les femmes la vivent différemment. La rue peut alors devenir un terrain de jeu et de sociabilité pour les uns, un milieu hostile ou exclusif pour les autres.

D’après Yves RAIBAUD, chercheur au CNRS et auteur du livre « La Ville Faite par et pour les Hommes », le choix de construire des équipements publics tels que les skate-parks, les City-stades ou des terrains de pétanque institue, dans l’indifférence générale, la présence des hommes dans l’espace public. De même, des lieux de vie comme les terrasses de cafés ou les bistrots peuvent également devenir des lieux de concentration masculine.

De récents articles du magazine LE MONITEUR, pointent une inégalité entre hommes/femmes dans l’espace public où les hommes sont souvent majoritairement présents.

Dans de tels environnements, où sont donc les femmes ? Comment réagissent-elles ?

Pour le géographe Guy Di Méo, les femmes érigent « des murs invisibles » dans l’espace urbain, « des barrières inconscientes ». Elles traversent les lieux publics sans s’y attarder, pire … s’en interdisent l’accès !

De son côté, le Secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les hommes et les femmes, dans une enquête statistique « Femmes et espace public : 10 chiffres clés à connaitre », révèle que 25 % des femmes de 18 à 29 ans ont peur dans la rue !

Ces comportements et cette question interpellent depuis quelques années les décideurs et bâtisseurs de la ville. De nombreux colloques et études sur la question se sont multipliés en France et à l’étranger.

En 2015, la Ville de Paris a lancé la première édition du séminaire « Genre et espace public » pour réfléchir à cette problématique. Le but était de chercher des ressorts pour agir et envisager des pistes d’actions et d’expérimentations. A cet effet, un premier guide référentiel « Genre & espace public, les questions à se poser et les indicateurs pertinents à l’occasion de la seconde édition de ce séminaire » est paru en 2016. Il s’adresse aux urbanistes et aux acteurs chargés de l’aménagement, la planification, l’organisation, l’animation et la régulation de l’espace public.

A Marne la Vallée, cette problématique du genre est également un sujet auquel les équipes d’EPAMARNE sont sensibles. Créateur de ville et d’espaces publics, l’Etablissement Public d’Aménagement s’interroge sur la mise en œuvre de choix urbains pour répondre à cet impératif d’égalité et d’inclusion. Cela passe par considérer la perspective de genre dès la conception de la planification urbaine, puis de développer et mettre en place des projets ciblés.

Nous sommes le 8 mars 2018, journée internationale des droits des femmes. Il nous a semblé important de vous parler de ce sujet précisément aujourd’hui. La prise de conscience est réelle et les premières études et actions, ici et là, sont encourageantes.

Belle journée à toutes les femmes ! et aux hommes éclairés !

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